La Commedia, Inferno, Canto Primo

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.
Au milieu du voyage de notre vie , je me trouvai dans une forêt obscure, car j’étais sorti du droit chemin.

Ma poi ch’i’ fui al piè d’un colle giunto,
là dove terminava quella valle
che m’avea di paura il cor compunto,
Mais lorsque je fus arrivé au pied d’une colline où se terminait la vallée qui m’avait saisi le cœur de crainte.

guardai in alto e vidi le sue spalle
vestite già de’ raggi del pianeta
che mena dritto altrui per ogne calle.Je regardai en haut, et je vis son sommet déjà revêtu des rayons de la planète qui nous guide sûrement dans tout les sentiers
E come quei che con lena affannata,
uscito fuor del pelago a la riva,
si volge a l’acqua perigliosa e guata,Et comme celui qui, sorti de la mer, sur la rive haletant se tourne vers l’eau périlleuse, et regarde;

E come quei che con lena affannata,
uscito fuor del pelago a la riva,
si volge a l’acqua perigliosa e guata,Et comme celui qui, sorti de la mer, sur la rive haletant se tourne vers l’eau périlleuse, et regarde;

così l’animo mio, ch’ancor fuggiva,
si volse a retro a rimirar lo passo
che non lasciò già mai persona viva.ainsi se tourna mon âme fugitive pour regarder le passage que jamais ne traverse aucun vivant.

Mentre ch’i’ rovinava in basso loco,
dinanzi a li occhi mi si fu offerto
chi per lungo silenzio parea fioco.Tandis que je reculais vers la vallée, devant mes yeux s’offrit Quelqu’un qui, par son long silence, semblait devenu muet.
La Commedia, Inferno, Canto Secondo

e poi che mosso fue, intrai per lo cammino alto e silvestro.
Et dès qu’il eut marché, j’entrai dans le chemin profond et sauvage.
La Commedia, Inferno, Canto Terzo

facevano un tumulto, il qual s’aggira
sempre in quell’aura sanza tempo tinta,
come la rena quando turbo spira.Faisaient un tumulte qui roule toujours dans cet air éternellement obscur, comme le sable quand souffle un tourbillon.

Finito questo, la buia campagna
tremò sì forte, che de lo spavento
la mente di sudore ancor mi bagna.Quand il eut achevé , la sombre campagne trembla si fortement, que le souvenir de mon épouvante me baigne encore de sueur.

La terra lagrimosa diede vento,
che balenò una luce vermiglia
la qual mi vinse ciascun sentimento;
e caddi come l’uom cui sonno piglia.De la terre de larmes s’éleva un autre vent mêlé d’éclairs vermeils qui m’enleva tout sentiment. Et je tombai tel qu’un homme pris de sommeil.
La Commedia, Inferno, Canto IV

Oscura e profonda era e nebulosa
L’abîme était si profond, si nébuleux et si obscur

(Oscura …)
tanto che, per ficcar lo viso a fondo,
io non vi discernea alcuna cosa.Si obscur, qu’en vain je fixai mes yeux sur le fond ; je n’y distinguai aucune chose.

Così si mise e così mi fé intrare nel primo cerchio che l’abisso cigne.
Ainsi il alla et ainsi me fit entrer dans le premier cercle qui ceint l’abîme.

Non lasciavam l’andar perch’ ei dicessi, ma passavam la selva tuttavia, la selva, dico, di spiriti spessi.
Nous continuions notre marche pendant qu’il parlait tandis que nous passions la forêt, l’épaisse forêt, dis-je, des esprits.

Non era lunga ancor la nostra via
di qua dal sonno, quand’io vidi un foco
ch’emisperio di tenebre vincia.Nous n’étions pas encore éloignés de la porte de l’abîme, quand je vis un feu qui vainquait l’hémisphère de ténèbres;

Venimmo al piè d’un nobile castello,
sette volte cerchiato d’alte mura,
difeso intorno d’un bel fiumicello.Nous vînmes au pied d’un noble château, sept fois environné de hautes murailles, et défendu tout autour par un gentil petit fleuve ;

Questo passammo come terra dura;
per sette porte intrai con questi savi:
giugnemmo in prato di fresca verdura.Ce fleuve, nous le passâmes comme une terre ferme, j’entrai, avec les sept sages par sept portes, et nous nous trouvâmes sur un pré d’une fraîche verdure.

… per altra via mi mena il savio duca,
fuor de la queta, ne l’aura che trema. E vegno in parte ove non è che luca.le sage guide me mène, par une autre voie, hors de cet air immobile sous un air qui tremble; Et je viens dans des lieux où rien ne luit.
La Commedia, Inferno, Canto V

Io venni in loco d’ogne luce muto,
che mugghia come fa mar per tempesta,
se da contrari venti è combattuto.Je vins dans un lieu muet de toute lumière, qui mugit comme fait la mer par la tempête, si elle est battue par des vents contraires.
La Commedia, Inferno, Canto VI

Io sono al terzo cerchio, de la piova etterna, maladetta, fredda e greve ; regola e qualità mai non l’è nova.
Grandine grossa, acqua tinta e neve per l’aere tenebroso si riversa; pute la terra che questo riceve.
Je suis au troisième cercle, celui de la pluie éternelle, maudite, froide et lourde ; règle et nature jamais ne changent.
Grêle forte, eau noircie et neige par l’air ténébreux se déversent; la terre qui reçoit tout cela pue.
La Commedia, Inferno, Canto VII

Noi ricidemmo il cerchio a l’altra riva
sovr’una fonte che bolle e riversa
per un fossato che da lei deriva.Nous coupâmes le cercle à l’autre bord , non loin d’une source bouillante qui verse ses eaux dans un ruisseau grossi par elle.

L’acqua era buia assai più che persa;
e noi, in compagnia de l’onde bige,
intrammo giù per una via diversa.Cette eau était beaucoup plus obscure qu’azurée; alors nous entrâmes dans un autre chemin plus bas que l’ancien, et toujours suivis par l’onde ténébreuse ;

In la palude va c’ ha nome Stige
questo tristo ruscel, quand’è disceso
al piè de le maligne piagge grige.Un marais appelé Styx est formé par ce triste ruisseau lorsqu’il est descendu au pied des plages grises et infectes.

Venimmo al piè d’una torre al da sezzo.
Enfin nous arrivâmes au pied d’une tour.
La Commedia, Inferno, Canto IX

dove in un punto furon dritte ratto tre furïe infernal di sangue tinte, che membra feminine avieno e atto,
e con idre verdissime eran cinte ; serpentelli e ceraste avien per crine, onde le fiere tempie erano avvinte.
où en un instant se dressèrent trois furies infernales souillées de sang, qui avaient apparence et manières de femme.
Elles étaient ceintes d’hydres vertes; elles avaient pour cheveux des serpents et des cérastes, attachés sur leurs tempes sauvages.
La Commedia, Inferno, Canto XI

In su l’estremità d’un’alta ripa che facevan gran pietre rotte in cerchio, venimmo sopra più crudele stipa;
Sur l’extrémité d’une haute rive que formaient de grands rochers brisés, en cercle, nous parvînmes au-dessus d’un plus cruel entassement;
La Commedia, Inferno, Canto XIII

Quivi le brutte Arpie lor nidi fanno, che cacciar de le Strofade i Troiani con tristo annunzio di futuro danno.
Ali hanno late, e colli e visi umani, piè con artigli, e pennuto ’l gran ventre ; fanno lamenti in su li alberi strani.
Ici les hideuses Harpies font leurs nids; elles chassèrent les Troyens des Strophades, avec la triste annonce de futurs malheurs.
Elles ont de larges ailes, cou et visage humain, des pieds griffus, et un vaste ventre emplumé; elles se lamentent sur les arbres étranges.
La Commedia, Inferno, Canto XIV

Or mi vien dietro, e guarda che non metti, ancor, li piedi ne la rena arsiccia ; ma sempre al bosco tien li piedi stretti».
Maintenant suis-moi, et garde-toi aussi de poser les pieds sur le sable brûlant; mais tiens-les toujours au bord du bois».

Tacendo divenimmo là ’ve spiccia fuor de la selva un picciol fiumicello, lo cui rossore ancor mi raccapriccia.
Silencieux nous arrivâmes là où jaillit de la forêt une petite rivière, dont le rouge me fait encore dresser les cheveux.
La Commedia, Inferno, Canto XV

E io, quando ’l suo braccio a me distese, ficcaï li occhi per lo cotto aspetto, sì che ’l viso abbrusciato non difese
la conoscenza süa al mio ’ntelletto ; e chinando la mano a la sua faccia, rispuosi : « Siete voi qui, ser Brunetto?».
Et moi, alors qu’il étendait son bras vers moi, je fixai tant mon regard sur cette figure cuite que sa face brûlée n’empêcha pas
mon esprit de le reconnaître; et baissant la main vers son visage, je répondis: « Vous, ici, ser Brunetto?»
La Commedia, Inferno, Canto XVI

de l’Alpe per cadere ad una scesa ove dovea per mille esser recetto;
così, giù d’una ripa discoscesa, trovammo risonar quell’ acqua tinta, sì che ’n poc’ ora avria l’orecchia offesa.
pour tomber des Alpes en une seule chute là où mille auraient place;
ainsi, au bord d’un précipice, nous trouvâmes cette eau sombre dont le fracas aurait blessé l’oreille en peu de temps.
La Commedia, Inferno, Canto XVII

così ne puose al fondo Gerïone al piè al piè de la stagliata rocca, e, discarcate le nostre persone, si dileguò come da corda cocca.
ainsi, Géryon nous déposa au fond, au pied de la roche disloquée, et, délivré de nos personnes, il s’évanouit comme la flèche décochée par l’arc.